La dorure à la colle est une pratique ancienne. Même s'il existe des techniques permettant de reproduire l'effet de la feuille d'or, aucune ne permet un résultat aussi brillant et surtout, durable. Or, la dorure à la feuille est un travail délicat qui demande précision et rapidité d'exécution.
Sous un éclairage naturel, la brillance et le miroitement des feuilles d'or produisent un effet des plus impressionnants que ne procurent ni l'application d'une peinture à la bronzine ni aucune peinture décorative.
On savait, dès le début de la restauration de cette statue, qu'une des deux ailes était une réplique grossière datant du début du XXe siècle. L'unique aile d'origine a donc été copiée puis dorée, pour offrir au public une vision cohérente - en forme et en couleur - de cette oeuvre ancienne.
Saint Michel terrassant le dragon, après restauration.
Collection Musée national des beaux-arts du Québec.
Traditionnellement, cette technique pratiquée par les religieuses nécessaitait 17 étapes.
Tout d'abord, la surface du matériau doit être préparée pour recevoir une ou plusieurs couches de peinture alkyde. La tonalité ainsi obtenue soutiendra le ton de l'or et la surface sera lisse comme un miroir.
Étape 1 : L'encollage. Appliquer une colle de peau de lapin sur toute la surface.
Étape 2 : L'apprêtage. Apprêter la surface en lui appliquant une préparation à base de craie et de colle afin d'obtenir une surface uniforme. Ponçer ensuite à l'aide de papiers sablés fins et adoucir avec une éponge.
Étape 3 : La reparure. Affiner les traits et les détails de la pièce, à l'aide d'un fer à reparer.
Étape 4 : Le jaunissage. Appliquer la première couche de fond colorée, appelée assiette, ocre jaune.
Étape 5 : Le cheinnage. Polissage de l'assiette à l'aide d'une brosse de soies animales.
Étape 6 : Préparation de l'assiette rouge à base d'argile. Une fois la bonne texture obtenue, on ajoute la colle animale.
Étape 7 : Broyage. L'assiette est broyée à l'aide d'une molette de verre.
Étape 8 : Application de la seconde assiette ocre rouge sur les parties en saillies.
Une fois la surface préparée, la manipulation délicate de la feuille commence. À l'aide de plusieurs instruments destinés à la dorure, les feuilles d'or de 8 x 8 cm, de 15 microns d'épaisseur et de 23 carats sont déposées sur un coussin à dorer, à l'aide d'un couteau à dorer. Les feuilles métalliques appliquées sont finalement frottées avec douceur pour parfaire leur adhérence.
Étape 9 : Après avoir déposé la feuille sur le coussin à dorer, le restaurateur procède à sa coupe avec un couteau à dorer.
Étape 10 : Une préparation, appelée liqueur de doreur, est appliquée sur toute la surface de la pièce. Ce mélange est composé de colle de peau et d'alcool.
Étape 11 : Graissage. Pour manipuler la feuille d'or, le restaurateur procède au graissage de la palette en la passant sur sa peau nue afin de la chargée d'électricité statique. De cette façon, la feuille collera à la palette très facilement.
Étape 12 : Ramendage. Comblement des manques de dorure.
Étape 13 : À l'aide d'un pinceau appelé "l'appuyeur", mise à plat de la feuille d'or appliquée.
Étape 14 : Matage. Une fois l'application de la feuille d'or terminé , une couche de colle de peau peut être appliquée pour protéger la surface.
La technique de dorure à la colle étant plutôt fastidieuse, une pratique moins complexe, mais tout aussi efficace, a été développée pour l'extérieur. Appelée dorure à la mixion, elle permet au fini de résister aux intempries et est réalisée à base d'huile.
Le procédé est beaucoup plus rapide et simple, mais certains principes doivent tout de même être respectés, sinon la dorure sera de courte durée. Pour réaliser une belle dorure durable dans le temps, il faut préparer le support avec grand soin, appliquer la feuille d'or par beau temps et utiliser une feuille d'or dite double. Cette feuille possède un nombre de carats supérieur à 23. Il n'est pas nécessaire d'appliquer une couche protectrice, car cela atténue la brillance de ce métal qui ne termit pas.
La durée de vie d'un revêtement sur une oeuvre extérieure est liée à plusieurs facteurs tels la préparation du support, les conditions d'application, l'exposition aux intempéries, l'érosion, etc. Dans nos conditions nordiques, on estime que la durée de vie de la feuille d'or est deux fois plus élevée qu'une peinture, soit 20 à 40 ans.
La sculpture de sainte Luce de Louis Jobin, installée au fronton de l'église de Sainte-Luce-sur-Mer depuis 1915, est un exemple de sculpture en bois recouverte d'une chape métallique et entièrement dorée à la feuille d'or. Ces feuilles d'or ont une bonne résistance aux conditions atmosphériques, mais leur finesse de deux microns d'épaisseur les expose à l'action abrasive des vents.
Date de mise à jour : 14 décembre 2011