Dans les années 1837-1838, le Haut et le Bas-Canada participent à une féroce rébellion contre la Couronne britannique qui changera l'histoire. Le tambour basse Van Vliet est l'un des témoins de ces soulèvements. Il aurait servi à appeler les manœuvres sur les champs de bataille, plus précisément lors des évènements de la deuxième offensive tentée par ceux qui avaient réussi à s'enfuir au-delà de la frontière. Son nom lui vient de son propriétaire, un mercenaire d'origine suisse appelé en renfort sous les drapeaux de la Couronne britannique, à l'automne 1838.
Le tambour appartient au Musée Missisquoi, à Stanbridge East, en Estrie. Il est constitué de plusieurs matériaux, dont du cuir, du bois et une corde de tension.
À son arrivée au Centre de conservation, le tambour présentait les stigmates de plusieurs décennies d'oubli et de réaffectations. Il a même été utilisé, à un certain moment, dans un groupe rock. Ses peaux étaient défoncées et rapiécées. Transformé plus tard en table à café, il présentait des coulures et des cernes de verre à vin. La corde de tension était incomplète et l'écu armorié, très assombri, présentait des soulèvements et des lacunes. Le fût de bois présentait un cerne d'eau épais et noir.
Une fluorescence jaune, visible en ultraviolet sur toutes les surfaces, témoignait de l'application intégrale d'un vernis à l'huile de lin, une application bien postérieure à tous les changements de fonction survenus au cours de la vie de cet objet.
Après un examen minutieux, plusieurs interventions se sont avérées nécessaires pour le traitement de ce précieux tambour.
Afin de traiter les peaux, il a été nécessaire de démonter le tambour en procédant à l'étiquetage des pièces et à la documentation photographique.
Le travail s'est amorcé avec le nettoyage du fût, principalement afin de faire disparaître ou d'atténuer le cerne d'eau. Une tache de peinture blanche a été extraite au microscalpel, sous binoculaire, et le travail a été effectué par une retouche à l'aquarelle.
Puisque les peaux avaient été rapiécées avec du « papier entoilé », il a d'abord fallu retirer les pièces ajoutées. Le travail s'est effectué en humidifiant les zones encollées et en grattant au scalpel. Les déchirures et les lacunes ont ensuite été comblées à l'aide de parchemin paré, adhéré et mis en teinte.
Des tests ont d'abord été réalisés pour déterminer quels produits étaient les plus susceptibles d'extraire convenablement les coulures et les cernes visibles sur les peaux. Le vernis appliqué postérieurement aux taches compliquait l'opération. De nombreuses techniques ont été testées. On s'est finalement résolu à effectuer des retouches d'atténuation. L'usage de solvants sur ces traces aurait été dangereux ou inefficace.
L'écu en papier collé, probablement une lithographie, était en très mauvais état. Les soulèvements ont été mis à plat et afin de faciliter la lecture de l'écu. Quelques comblements, suivis de retouches, ont été effectués dans certaines parties manquantes du motif.
La corde d'origine était incomplète. Elle a dû être remplacée par une corde neuve de même nature et de même calibre. Il a fallu procéder à de nombreux exercices d'épissage sur des cordes de pratique avant de réussir à reproduire l'épissure en bout à bout de la corde du tambour. Deux tirants de cuir étaient manquants. Ils ont été remplacés et mis en teinte. Les tirants d'origine ont dû être reformés après exposition en chambre humide.
En raison de la haute sensibilité des peaux sous tension aux fluctuations d'humidité et de la propension naturelle du visiteur à tambouriner sur cet instrument, il a été recommandé au musée de l'exposer sous vitrine. Le taux d'humidité dans l'environnement doit demeurer assez stable pour assurer une bonne conservation. Le tambour devra être conservé emballé si la réserve ne possède pas la stabilité climatique suffisante.
Date de mise à jour : 14 décembre 2011