Le fleurdelisé arboré par le 2e Bataillon
du Royal 22e Régiment lors de sa mission
en Corée, du 4 mai 1951 au 23 avril 1952.
Archives du Royal 22e Régiment.
L'ancien premier ministre Maurice Duplessis a fait l'une des contributions les plus durables de l'histoire du Québec lorsque le 21 janvier 1948, il a fait adopter, par le gouvernement, un décret reconnaissant le nouveau et actuel drapeau du Québec, qui remplaçait l'Union Jack au sommet de l'hôtel du Parlement.
Fier de ce drapeau, Maurice Duplessis en a fait cadeau à des régiments militaires francophones qui partaient en mission pour la Corée. C'est ainsi qu'il a offert le fleurdelisé au 2e Bataillon du Royal 22e Régiment de Québec, en août 1950, alors que son ministre Paul Sauvé en a remis un autre exemplaire aux Fusiliers Mont-Royal à Montréal, au printemps suivant.
Ces deux drapeaux présentent les mêmes caractéristiques. Ils sont en soie bleue et blanche, ornés de fleurs de lys brodées en fil de soie et sont contournés d'une frange de fils métalliques qui caractérise les drapeaux militaires. L'un d'eux conserve encore l'étiquette du fabricant : l'Atelier William Scully, à Montréal. Ces deux exemplaires ont été traités au Centre de conservation. Voici les détails du traitement de celui qui est conservé par le Musée Royal du 22e Régiment.
Pendant quelques décennies, le drapeau fleurdelisé sera exposé dans l'escalier du Mess des officiers de la Citadelle de Québec. Malheureusement, l'encadrement inadéquat et les conditions environnantes ont contribué à dégrader la soie si fragile. En plus d'être sale et poussiéreux, ce textile était décoloré du côté exposé en permanence à la lumière. Lors du retrait du drapeau de son encadrement, on a constaté que quelques pièces de feutre bleu étaient collées à la soie, des rubans adhésifs asséchés et des résidus de colle étaient aussi imprégnés dans le tissu. Le colorant instable du feutre bleu avait laissé des taches par endroits. La soie montrait des altérations importantes avec des déchirures et des sections manquantes sur les croisillons blancs. Des trous et des traces de plis étaient attribuables à l'ancien montage du textile dans son encadrement. Des franges métalliques étaient sales et entremêlées, alors que d'autres étaient manquantes.
Une fois dégagé de son encadrement, le drapeau a été nettoyé délicatement à l'aspirateur par microaspiration. Les résidus de colle ont été dégagés à l'aide d'un léger traitement mécanique et de solvants. Les pièces de feutre bleu ont été retirées à la vapeur.
Un grand travail de consolidation a permis de stabiliser les nombreuses déchirures et de combler les lacunes. Des pièces de soie teinte d'une couleur s'approchant de l'originale ont été insérées dans les zones manquantes et fixées avec du fil de soie très fin. La consolidation a été réalisée avec des points faits à la main ou encore, pour les endroits plus faibles, avec une crêpeline de soie imprégnée d'un adhésif thermoplastique. Les déformations du drapeau ont été corrigées à la vapeur pour lui redonner, dans la mesure du possible, sa forme originale.
La dernière étape a été de monter le drapeau sur un nouveau support rigide pour permettre une manipulation sans risque et une meilleure mise en valeur. Ce support se compose d'un carton non acide marouflé sur une feuille de plastique cannelée, puis recouvert d'une toile de coton écru. Le drapeau a été ensuite cousu à ce support. Les franges ont été démêlées et fixées en place une à une, avec des points à la main. Pour combler les zones sans frange, le photographe a réalisé un fac-similé à partir des franges existantes. Fixées en bordure, ces photographies créent un effet « trompe-l'œil » qui donne un aperçu du drapeau lors de sa création.
Date de mise à jour : 14 décembre 2011