Les réserves des musées regorgent de trésors. C'est lors d'une visite de celles du musée d'art de Joliette que les restaurateurs du Centre de conservation du Québec ont remarqué une sculpture peu ordinaire. Faite de pierre calcaire, elle représentait une femme tenant un jeune enfant. Les plis et les drapés étaient d'une rare précision et les visages d'une exceptionnelle beauté. Au vu des attributs existants et du thème iconographique utilisé, ils ont rapidement constaté qu'il s'agissait d'une Vierge à l'enfant provenant de Bourgogne, en France, et datant du XVe siècle.
L'utilisation du flash photographique dans la réserve a permis de révéler que sous ses allures grisâtres, elle conservait ses couleurs des plus beaux jours. Étant donné les qualités esthétiques de l'œuvre, sa période de conception et sa valeur historique, la restauration devenait incontournable.
À son arrivée au Centre, la Vierge était très encrassée. Comme sa base était incomplète, elle ne tenait pas debout. Avant de procéder au retrait des couches de peinture, le Centre a demandé l'aide de l'ICC pour effectuer une étude stratigraphique de la polychromie. Cette recherche scientifique, réalisée sur les différentes couches de peinture appliquées au fil du temps, a permis de connaître la nature des pigments et donc la période historique d'utilisation de chacune d'elles. Ces renseignements ont ensuite aidé à évaluer l'étendue des couleurs subsistantes et à planifier le dégagement.
Une couche assez épaisse de saleté recouvrait toute la surface. Un nettoyage à l'aide de compresses chimiques a donc été nécessaire.
Par la suite, toute la couche de peinture blanche, plus récente, a été dégagée à l'aide de loupes binoculaires et d'un scalpel. Une fois la pierre nue, elle a été nettoyée par microabrasion. L'outil utilisé n'est pas plus gros qu'un crayon! Malheureusement, la couche originelle était trop endommagée pour être révélée.
La sculpture a ensuite été sanglée et suspendue, le temps qu'un socle soit confectionné, à partir d'une empreinte du revers de la base. Une fois cette opération terminée, le socle a été coulé dans une résine uréthane amovible.
La dernière étape a consisté en quelques retouches à l'aquarelle. Exécutées de façon très précise, elles avaient pour objectif de redonner une apparence uniforme à l'ensemble.
Nettoyage mécanique à l'aide d'un scalpel.
Tous ces traitements ont permis de mettre l'œuvre en valeur et d'en faire une meilleure interprétation. Ils ont également rendu possible son exposition, pour le plus grand plaisir du public.
Date de mise à jour : 14 décembre 2011