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Claude Payer, restaurateur depuis tout près de 40 ans

05 août 2019

Claude Payer, restaurateur.En 2019, le Centre de Conservation du Québec (CCQ), une direction du ministère de la Culture et des Communications, célèbre ses 40 ans! Le restaurateur Claude Payer a commencé à y travailler peu de temps après son ouverture. Dans cette entrevue, celui-ci nous explique son métier dont les objectifs sont de garantir la pérennité des œuvres et de faire avancer les connaissances, en histoire de l’art et en archéologie. Passionné par son travail, il préserve et met en valeur l’authenticité des œuvres qui lui sont confiées.

Qu’avez-vous fait comme études?

J’ai étudié en histoire de l’art à l’Université Laval. C’est grâce à l’un de mes inspirants professeurs, M. John Porter, que je me suis intéressé à la sculpture québécoise ancienne. L’université m’a vraiment préparé à devenir restaurateur. Au cours de mon baccalauréat, j’ai eu la chance d’être le premier étudiant stagiaire au CCQ. C’était en 1980. J’ai ensuite fait une maîtrise en restauration des œuvres d’art (Master of Art Conservation) à l’Université Queen’s, à Kingston en Ontario. Par la suite, de 1982 à 1984, je me suis spécialisé en restauration de sculpture ancienne, à Bruxelles, en Belgique.

Quelles sont les qualités et aptitudes requises pour faire votre travail?

D’abord, il faut respecter les œuvres et les objets, tant pour leur matière que pour leur symbolique. Il faut aussi avoir l’humilité de reconnaître que c’est l’œuvre d’art la vedette, et non pas nous. Le travail du restaurateur consiste à préserver l’état originel d’une œuvre et à mettre en évidence son authenticité. Nous devons faire en sorte que l’intention originelle du créateur de l’œuvre soit respectée.

Pour ce qui est du côté pratique, le restaurateur doit appliquer des mesures techniques réversibles, utiliser des matériaux stables qui n’abîment pas les œuvres et travailler dans la perspective de les faire durer, de garantir leur pérennité. Il faut aussi posséder des connaissances historiques des œuvres et des artistes. C’est pourquoi il faut aimer la recherche.

En quoi consiste votre travail?

Nous faisons beaucoup de travail de recommandation aux propriétaires pour la conservation. L’objectif principal est toujours de garantir la pérennité des œuvres. Avant la réalisation du travail de restauration, il y a des procédures à suivre. Tout d’abord, nous examinons l’œuvre en menant des études et des analyses. Ensuite, nous posons un diagnostic et proposons une démarche en choisissant les techniques appropriées et le traitement à effectuer, comme des retraits, des retouches et du nettoyage. Ces traitements constituent la plus grande part de notre travail même si, en définitive, nous visons la prévention.

Quel est votre plus beau souvenir en 40 ans de carrière?

Les travaux de conservation réalisés dans la chapelle des Ursulines. Cela a été un long et très agréable travail. Quatre années à restaurer le décor intérieur de la chapelle : le retable principal, la chaire à prêcher et le retable du Sacré-Cœur. L’objectif de ces travaux était surtout d’assurer la durabilité. Nous avons exécuté des travaux de stabilisation et des correctifs pour assurer la protection à long terme de cet ensemble sculpté en bois couvert de polychromie et de dorure. Nous avons aussi réuni une documentation inédite.

Quels sont les défis liés à la profession de restaurateur?

C’est sûr que nous ne sommes pas nombreux. Dans ce contexte, le recrutement et la rareté des finissants constituent un problème permanent. En plus, convaincre les gens de la nécessité de faire de la conservation préventive ainsi que faire connaître et comprendre l’importance de la préservation du patrimoine sont toujours des défis.

Quel a été le projet qui a posé le plus grand défi?

L’étude générale des tabernacles du Québec, qui a duré 30 ans. Ça a été un long et important travail qui a abouti, en 2016, à la publication de l’ouvrage Les tabernacles du Québec des XVIIe et XVIIIe siècles, avec mon collègue Daniel Drouin, conservateur au Musée national des beaux-arts du Québec. Dans ce livre abondamment illustré, 84 tabernacles sculptés entre le milieu du XVIIe siècle et la fin du XVIIIe siècle ont été répertoriés. J’ai eu du plaisir à faire ce travail, surtout en sachant qu’il servait à faire connaître ces œuvres à la population.

Quel conseil donneriez-vous à un jeune qui commence?

Toujours suivre les principes de la restauration, travailler en équipe, garder l’esprit ouvert, toujours chercher des spécialités qui vous passionnent, que vous aimez.

Comment les méthodes de travail ont-elles changé au fil de ces 40 ans?

Les principes et les méthodes de travail demeurent les mêmes depuis le début de ma carrière. Mais au fil des ans, des outils plus performants et des technologies plus poussées ont beaucoup contribué à rendre le travail plus rapide.

Date de mise à jour : 03 août 2020

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