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Le soin des sculptures

Lepage, Michèle, 1995 (Révision 2011). Conservation préventive dans les musées. Manuel d'accompagnement, pages 117 à 126.

Les sculptures que l'on retrouve dans les collections de musées sont réalisées à partir de divers matériaux :

  • bois
  • plâtre
  • métal
  • pierre
  • cire
  • papier mâché
  • autres, sans oublier les sculptures de bois recouvertes d'une chape de métal et qui étaient originellement exposées à l'extérieur.

Cette section traite plus particulièrement des sculptures de bois et de plâtre et aborde le domaine des sculptures contemporaines.

Les sculptures de bois se présentent sous divers aspects :

  • cirées
  • vernies
  • dorées
  • argentées
  • monochromes ou polychromes
  • et sous différentes formes comme : les rondes-bosses et les reliefs.

Elles peuvent être constituées d'une pièce unique ou d'un assemblage de pièces réunies par des clous, par des adhésifs ou encore par des tenons et mortaises.

Les sculptures de plâtre se présentent, elles aussi, sous des apparences et des formes tout aussi diverses. Quels qu'en soient le poids, la dimension ou l'apparence, ces sculptures sont toujours fragiles. Le plâtre est lourd et cassant. C'est pourquoi on y incorpore généralement d'autres matériaux pour conférer aux sculptures une meilleure solidité. On peut donc retrouver, cachés dans leur structure, une armature de fer ou de bois, du jute, ou d'autres types de textiles et de filasses. Ces sculptures peuvent être creuses ou pleines, renforcées ou non.

Les principales causes de détérioration des sculptures de bois ou de plâtre sont liées à l'environnement, à la manutention et à l'entretien. Des moyens de prévention et d'entretien peuvent pallier chacune de ces causes.

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Particularités des matériaux

Le bois est un matériau hygroscopique. Lorsque l'humidité est élevée, il se gonfle en l'absorbant, alors qu'il se contracte lorsque l'air ambiant est plus sec. Le mouvement du bois résultant de ces variations d'humidité peut entraîner des fentes, des fendillements, des gauchissements, des rétrécissements ou des gonflements. Aussi, lorsque plusieurs pièces de bois sont assemblées, l'éclatement des joints et la dislocation de l'assemblage peuvent se produire. Ce phénomène survient surtout à cause du caractère anisotrope du bois qui se gonfle ou se rétracte davantage dans le sens perpendiculaire à son axe de croissance.

Des complications supplémentaires se présentent lorsque la sculpture est recouverte d'une dorure ou d'une polychromie que les contractions et l'expansion du bois affecteront. Les matériaux utilisés pour les différentes couches recouvrant le bois sont souvent de nature différente et réagissent chacun à leur manière aux modifications de l'environnement. Ainsi, les couches superposées de préparation, de peinture ou de dorure peuvent se craqueler, se soulever et se détacher de leur support.

Dans une moindre mesure, le plâtre est lui aussi vulnérable aux variations d'humidité relative. Si une sculpture contient une armature de fer, celle-ci peut rouiller en situation de grande humidité, tacher et même faire éclater la surface.

La condensation peut se former à la surface d'un plâtre suite à une fluctuation rapide et de grande amplitude de la température ambiante. Dans certains cas, des gouttes d'eau se forment alors en surface et peuvent y laisser des traces.

En ce sens, un déménagement pendant la saison froide est à éviter si le véhicule n'est pas climatisé. Autrement, il est important de prévoir une période de 24 à 48 heures avant de déballer la sculpture qui aurait été exposée à de basses températures.

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Le contrôle du milieu ambiant

Éloignez les sculptures des radiateurs et des bouches d'aération ou de chauffage, ne les placez pas contre les murs extérieurs et ne les posez pas sur des surfaces froides et humides. On évite tout contact direct avec le plancher et on les place sur des plates-formes ou des étagères. Tenez-les éloignées des canalisations d'eau.

Il faut éviter les changements brusques ou extrêmes d'humidité ou de température pendant les transports. Contrôlez également ces facteurs dans les réserves et les salles d'exposition. Maintenez un niveau d'humidité relative entre 35 et 65 % et une température stable (entre 20 et 22°C). Pour prévenir le fendillement, la dislocation des joints et les autres phénomènes de rétraction du bois, évitez à tout prix un taux d'humidité relative inférieur à 30 %. Ne dépassez pas 70 % afin d'éviter le gonflement du bois et le développement des moisissures.

Un taux dépassant 70 % combiné à une température au-dessus de 30°C ainsi qu'à un milieu mal ventilé et obscur, constituent les facteurs propices au développement de moisissures. Elles apparaissent sur la surface du bois ou du plâtre sous forme de taches colorées, vertes ou noires par exemple. Si vous constatez leur présence, vérifiez le taux d'humidité dans les lieux et consultez un restaurateur.

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Les insectes

Les endroits sombres, sales, poussiéreux et ceux où l'on trouve des débris de nourriture favorisent la prolifération des insectes. Les bois humides et affaiblis par les moisissures constituent aussi une nourriture recherchée. En plus des mesures de prévention générales contre les insectes, il faut procéder à un examen périodique, principalement du dos et du dessous des sculptures. On recherche les dépôts de vermoulure et les trous d'envol. Un bois peut paraître sain, mais être complètement dévoré à l'intérieur par la vrillette ou la lycte.

La fourmi gâte-bois habite surtout le bois humide et dégradé dont elle sort pour se nourrir. Elle est repérable aux canalisations qu'elle creuse pour s'y loger et à la vermoulure qui en résulte. Elle peut causer des dommages considérables aux sculptures extérieures. C'est pourquoi il est important de les examiner attentivement dès leur réception au musée.

Aussitôt qu'une infestation est décelée, on met la sculpture en quarantaine et on consulte un restaurateur pour décider des mesures à prendre. On emballe l'œuvre dans un sac de polythène. La mise en quarantaine sous scellé d'une nouvelle acquisition donnant des signes de la présence d'insectes est également tout indiquée pour déterminer si l'infestation est encore active. Dans le cas d'une sculpture humide, veillez à ne pas y emprisonner l'humidité, ce qui pourrait causer l'apparition des moisissures.

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La lumière

La lumière constitue une autre source potentielle de détérioration pour les sculptures. Elle peut provoquer la décoloration du bois, des polychromies et le vieillissement prématuré des vernis. De façon générale, les sculptures polychromes sont moyennement sensibles à la lumière. La norme d'éclairement recommandable en exposition est de 150 à 200 lux. On surveille également la quantité de chaleur émise par l'éclairage dirigé de type « spot ».

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La manipulation

Les mauvaises manipulations et les accidents lors des déplacements constituent des causes importantes de bris et de détérioration des sculptures. Les plâtres, fragiles et lourds, sont particulièrement vulnérables aux cassures.

Avant de déplacer des sculptures, évaluez si elles montrent des faiblesses, des fissures ou des bris. Y a-t-il du bois vermoulu, des éléments branlants, des parties plus vulnérables? On démonte au besoin les parties amovibles pour des raisons de sécurité. On s'assure que le plâtre, la peinture ou la dorure de l'œuvre ne s'écaillent pas.

Pour déplacer les sculptures, particulièrement si elles sont dorées ou argentées, on porte des gants propres de coton ou encore des gants de latex ou de nitrile. On ne doit absolument pas tirer ou pousser une sculpture sur le sol. Les vibrations et les frottements peuvent abîmer la base ou les joints. Beaucoup de dommages sont ainsi causés aux plâtres.

Évitez de saisir une sculpture par ses parties saillantes ou fragiles comme la tête, les bras et les pieds. On doit protéger ces parties lors des déplacements. On ne doit pas non plus déposer une sculpture en appui sur une partie fragile.

Des chariots pour les sculptures de petit format, des plates-formes à roulettes, ou même des diables pour celles de grandes dimensions, permettent de déplacer les œuvres de façon plus sûre. Cet équipement doit être rembourré à l'aide de matériaux propres et les chariots doivent avoir des rebords.

On utilise des coins, des tasseaux, des sangles ou des cales faites de matelassures pour garantir la stabilité et empêcher la sculpture de rouler. Celles qui sont instables sur leur base ou qui ont des parties saillantes vulnérables, doivent être transportées en position couchée sur une surface matelassée.

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Le transport et l'emballage

Pour le transport et l'emballage des sculptures, le respect de certaines règles diminuera les risques de détérioration qui sont liés aux chocs climatiques, aux vibrations et aux impacts, ainsi qu'au choix des matériaux.

On transporte de préférence les sculptures dans des caisses. Leur conception prévoit l'immobilisation de l'œuvre et de ses parties saillantes ou fragiles, afin qu'elle puisse être protégée adéquatement des chocs et des vibrations durant le transport. Tous les points de contact sont matelassés. Les pièces démontées et les fragments cassés sont emballés à l'intérieur de la même caisse.

Pour des trajets de courte durée d'une sculpture de petite taille en bon état, on protège d'abord toutes ses parties proéminentes. On l'enveloppe ensuite dans du papier et du plastique à bulles. Elle peut être transportée ainsi dans une boîte de carton ou de plastique cannelé.

Parfois, on est forcé d'envisager une solution de fortune pour le transport d'une sculpture de grande taille. On protège et on supporte d'abord les parties faibles ou en saillie. On emballe la sculpture dans du papier que l'on recouvre ensuite d'un plastique à bulles, ce qui évite le contact direct entre le matériau d'emballage et l'œuvre. On la dispose ensuite sur sa base dans le camion. Puis, on le recouvre de matelassures et on la maintient en place à l'aide de sangles.

On peut aussi avoir recours à une plate-forme rigide et matelassée sur laquelle repose l'œuvre, maintenue en place par des étais et des tendeurs. C'est souvent la méthode utilisée pour les bas-reliefs.

Le mode de déballage et d'emballage doit être facile à comprendre. Précisez-le au besoin à l'aide de flèches ainsi que de photos, de schémas et de textes inclus dans la caisse.

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L'entretien

La surface des sculptures est particulièrement vulnérable. La polychromie est une partie intégrante de la sculpture. Évitez d'y toucher inconsidérément et à mains nues. Il ne faut jamais les frotter ou les nettoyer. Les pratiques d'entretien abusives ou inappropriées peuvent être plus dangereuses pour l'œuvre que l'absence d'entretien. Ainsi, certaines tentatives de nettoyage peuvent se solder par la formation de traces permanentes de coulures à la surface de l'œuvre, altérant sa patine à tout jamais. Un nettoyage mécanique, opéré à l'aide d'outils abrasifs, abîme le fini de la surface originale de l'œuvre.

On ne dépoussière une sculpture qu'à la condition que la surface ne manifeste aucun signe d'écaillage, de soulèvement ou de pulvérulence. Pour le dépoussiérage on utilise alors un pinceau à poils doux en dirigeant la poussière vers l'embout d'une aspirateur, lequel est recouvert d'un filtre afin d'intercepter toute petite pièce qui se détacherait durant l'opération. Jamais l'embout ne doit toucher la surface de l'œuvre. Évitez d'utiliser des chiffons, car les fibres risquent de s'accrocher aux aspérités.

Il ne faut jamais nettoyer les sculptures avec de l'eau, des solvants ou des produits commerciaux. Elles peuvent en être irrémédiablement affectées. Ces travaux nécessitent l'intervention d'un restaurateur.

Ne tentez jamais de revernir ou de recouvrir d'une cire ou d'une huile les sculptures, ni de les consolider en y introduisant une colle ou tout autre matériau. Ces produits peuvent causer des dommages irrémédiables et leur application peut s'avérer irréversible.

Certaines sculptures ont subi des torts irréparables à la suite de tentatives de décapage ou de grattage de surface. Toutes ces pratiques, visant à enlever des couches de peinture rajoutées à différentes époques, doivent être bannies. Seul un restaurateur spécialisé peut pratiquer ce genre de traitement.

Soyez à l'affût des dommages et des signes de détérioration en procédant à des vérifications périodiques dans les salles d'exposition et dans les réserves. S'il y a lieu, signalez-les et consignez-les au constat d'état.

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Le numéro d'inventaire

On recommande d'inscrire le numéro d'inventaire sous la sculpture de façon à ne pas endommager son fini. Lorsque la surface est lisse, on peut le noter avec un stylo feutre à encre indélébile à pointe fine, comme le stylo Pigma®, entre deux couches de vernis à ongles transparent. Si la surface est rugueuse ou poreuse, on peut alors l'écrire sur un gesso à l'acrylique qu'on protège de vernis. Si par contre, le dos de la sculpture n'est ni recouvert, ni prévu pour être montré, on peut y inscrire le numéro d'inventaire dans le bas, discrètement, entre deux couches de vernis.

Pour faciliter le repérage de l'œuvre dans les réserves, on recommande, de plus, de lui suspendre un médaillon de carton portant son numéro ou alors d'aimanter une étiquette à l'étagère. On identifie également sa caisse.

Lorsqu'il y a perte de fragment, conservez-le, identifiez le morceau et gardez-le près de l'œuvre en l'enveloppant séparément. Ne tentez jamais de faire vous-même la réparation, mais consultez plutôt un spécialiste.

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La mise en réserve

Lors de leur mise en réserve, on dépose préférablement debout les petites sculptures. Pour qu'elles tiennent bien en place, on peut caler leur base dans une mousse préalablement sculptée er recouverte de Tyvek® ou d'un coton doux non blanchi. Les sculptures de taille moyenne ou de grande taille peuvent être entreposées sur leur base. On les pose sur des tablettes recouvertes d'une pellicule isolante comme du Mylar® ou sur des plates-formes recouvertes de tapis. On doit parfois stabiliser une sculpture instable avec des cales, mais pour corriger de façon permanente un problème d'équilibre, il vaut mieux faire appel à un restaurateur.

Dans les réserves, le recours à un treillis s'avère une solution pratique pour l'accrochage des bas-reliefs, d'éléments décoratifs et de sculptures dont l'appui est fragile ou insuffisant.

Protégez les sculptures de la poussière en les recouvrant d'une pellicule plastique ou alors en isolant les étagères avec un rideau. On peut également les disposer dans des armoires étanches.

L'état ou la fragilité de certaines œuvres exige parfois qu'elles soient mises en réserve dans des boîtes de rangement conçues spécialement à cette fin. Pour les petites sculptures, il arrive fréquemment que l'on creuse la forme de l'œuvre dans l'épaisseur d'une mousse de polyéthylène qu'on recouvre de Tyvek® ou d'un coton doux non blanchi. On cale ensuite dans une boîte la sculpture ainsi coincée dans la forme.

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Les méthodes d'accrochage

L'accrochage d'un bas-relief exige un système d'ancrage très solide. Le plâtre est particulièrement lourd. On ne doit pas percer de trous pour insérer des fixations. Idéalement, on sertit l'œuvre dans un support solidement fixé au mur. Cette méthode s'applique aussi aux reliefs en bois.

Après avoir consulté un restaurateur, on peut aussi concevoir un système d'accrochage mural en utilisant deux traverses dont les surfaces de contact sont taillées à 45°. L'une d'elles est fixée au relief et l'autre au mur.

Lorsque l'œuvre est renforcée à l'arrière à l'aide d'un châssis
assemblage de bois sur lequel on tend une toile.
châssis
ou qu'elle est encadrée, on peut y visser des attaches, dont le format tiendra compte du poids à supporter pour assurer un ancrage solide au mur.

Pour l'accrochage des reliefs, il faut se rappeler certaines règles : réduire au strict minimum les interventions directes sur l'œuvre; éviter d'utiliser des clous et de multiplier inutilement le nombre de trous d'ancrage; prévoir un mode d'installation simple et réversible.

En exposition, les vitrines peuvent garantir aux petites pièces une meilleure protection et une plus grande sécurité.

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Considérations relatives aux sculptures contemporaines

Les sculptures contemporaines sont réalisées dans une très grande variété de matériaux, de textures, de formes et de dimensions. Leurs caractéristiques sont donc très variables. Elles sont parfois de conception éphémère et peuvent être très fragiles malgré leur apparence solide.

Elles sont souvent le résultat de techniques mixtes et présentent les problèmes qu'engendrent l'utilisation et la juxtaposition de matériaux différents. Elles peuvent également comprendre plusieurs éléments qui, parfois, nécessiteront d'être assemblés et désassemblés à chaque déplacement.

Il peut alors être utile de prévoir une rencontre avec l'artiste pour discuter différents aspects de la conservation de l'œuvre et les étapes à respecter pour son installation, si les instructions expliquant la démarche à suivre ne sont pas présentes au dossier. C'est encore l'artiste qui pourra le mieux fournir des informations concernant les matériaux constitutifs et le mode de fabrication de l'œuvre.

La grande diversité des techniques et des matériaux des sculptures contemporaines incite à des examens très attentifs avant qu'on s'avise de les manipuler. Ces œuvres sont souvent plus complexes à emballer, à exposer et à mettre en réserve; il peut souvent être nécessaire de leur adjoindre des instructions ou des guides d'installation, parfois accompagnés de photos et de croquis.

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En résumé

  • Il faut éviter que les sculptures subissent des variations rapides et importantes d'humidité relative. Veillez à leur assurer des conditions climatiques stables.
  • La polychromie, la dorure et les parties en relief sont particulièrement affectées par les frottements et toute forme de nettoyage.
  • Les mauvaises manipulations sont une cause fréquente de dommages faits aux sculptures. Les plâtres sont plus fragiles et vulnérables qu'ils ne paraissent.
  • Soyez à l'affût des signes indicateurs de détérioration tels que les moisissures, la vermoulure, l'écaillage et les soulèvements des polychromies. Un environnement adéquat et une inspection régulière peuvent prévenir bien des interventions.

Bibliographie et vidéographie

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Date de mise à jour : 16 juin 2016

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