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AccueilCentre de ressourcesConservation préventiveGuide pour la conservation des œuvres d'art publicPartie 2 – Types d'oeuvres et de matériauxCéramique

Céramique

La céramique est utilisée depuis des millénaires dans toutes les civilisations pour produire tant des objets utilitaires qu'une variété d'œuvres artistiques. En art public, notamment au Québec, elle prend différentes formes : sculpture, paroi murale, relief mural, œuvre au sol.

En Amérique du Nord, avant 1930, elle a également été utilisée en architecture comme parement. Ce matériau pare-feu peu coûteux permettait de varier les décors, les reliefs, les textures, les couleurs et les degrés de brillance.

Nature et caractéristiques

Composée d'argile, la céramique est un matériau plastique et modelable qui se modifie de façon irréversible sous l'action de la chaleur. Lors de la cuisson, elle devient dure et conserve la forme et le décor qui lui ont été donnés. Elle peut alors être recouverte ou non d'une glaçure, c'est-à-dire d'un revêtement vitrifié pouvant être coloré, qui lui donne un aspect brillant.

Composition variable : argiles, dégraissants, fondants

Il existe une grande variété de terres argileuses. Leur nature influence les propriétés de la céramique. L'argile prend une teinte allant du blanc crème au brun noir, en passant par le beige chaud, le rouge et le brun, selon les minéraux qui la composent.

Oeuvre Les éléments de la vie (1980) d'André Léonard.

Les éléments de la vie (1980) d'André Léonard, au-dessus des voies de la station Université de Montréal, dans le métro de Montréal.

Ici, l'artiste et architecte a utilisé différentes pièces de terracotta, jouant avec leurs formes et dimensions, ainsi qu'avec leur couleur naturelle de terre cuite.

Photo 1 : France Rémillard, CCQ.

Pour donner les propriétés voulues à la pâte, les céramistes peuvent lui ajouter des dégraissants et des fondants. Leur présence et leur nature modifient le comportement de la céramique durant son façonnage et sa cuisson ainsi que les propriétés du produit fini, comme sa porosité.

 

Séchage et cuisson

L'argile modelable contient une part importante d'eau. C'est pourquoi elle doit sécher avant d'être cuite. Lors de cette étape, elle subit la moitié (environ 6 %) de son retrait, c'est-à-dire que ses dimensions diminuent. Elle est ensuite cuite dans un four où la température s'élève progressivement avant d'atteindre sa température finale. Le retrait se complétera au cours de sa cuisson (jusqu'à 15 %).

Les caractéristiques finales de la céramique dépendent de :

  • la composition de la pâte
  • la vitesse à laquelle la température augmente au cours de la cuisson
  • la température finale atteinte.

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Porosité et vitrification

Une caractéristique importante à considérer dans la conservation des œuvres en céramique est leur porosité et leur taux de vitrification. Selon la composition de la pâte et la température atteinte, l'argile se vitrifie à un degré plus ou moins important lors de la cuisson ou reste poreuse.

 

Type de pâte Intensité de la température Porosité
argile crue séchage au soleil 50 % = pâte très poreuse
argile commune, faïence basse température (700-750 °C) jusqu'à 15 % = pâte poreuse
température moyenne (1000-1200 °C) de 6 à 10 % = pâte poreuse
grès haute température (1200-1300 °C) de 1 à 2 % = partiellement vitrifié
porcelaine très haute température (1300-1400 °C) moins de 1 % = vitrifié

D'après Berducou, 1990

 

a) porcelaine.

 a) porcelaine

b) grès.

 b) grès

c) argile commune.

 c) argile commune.

 

 

 

 

 

 

 

 


Une goutte d'eau déposée sur la porcelaine (a) et sur le grès (b) perle, ce qui indique que ces céramiques sont peu poreuses et donc très vitrifiées. Elles ont donc été cuites à haute température. Au contraire, l'eau pénètre rapidement dans l'argile commune (c), indiquant qu'elle est très poreuse et cuite à basse température.

Photos 2, 3 et 4 : CCQ

 

  • une pâte dure à faible porosité est plus résistante en compression, mais plus vulnérable aux chocs, alors qu'une pâte à porosité élevée, qui offre une moins bonne résistance en compression, est plus résistante aux chocs
  • la céramique est chimiquement stable. Sa durabilité dépend du contexte dans lequel elle est utilisée. La céramique offre en général une bonne résistance en compression, mais est vulnérable aux chocs.

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Glaçure : nature et propriétés

Appliquée à la surface de la céramique, la glaçure forme une couche vitreuse, brillante ou mate, au cours de la cuisson. Elle est utilisée pour son effet décoratif ou pour imperméabiliser la céramique.

La glaçure est constituée des mêmes éléments que le verre (généralement de la silice, des fondants et des stabilisants). Les couleurs associées aux glaçures sont obtenues grâce à l'ajout de composés métalliques. Selon leur concentration, leur association à d'autres matériaux, les conditions de cuisson de la pièce et les techniques d'application de la glaçure, une variété impressionnante d'effets et de couleurs peuvent être obtenus.

La glaçure est appliquée sur une pièce ayant subi une première cuisson. Bien réussie, elle devrait fusionner avec le corps de la céramique, ce qui lui assure une bonne adhérence.

Oeuvre de Claude Vermette ornant le quai de la station Saint-Laurent, dans le métro de Montréal.


Sans titre (1966) de Claude Vermette. Détail d'un polyptique constitué de douze éléments muraux ornant le quai de la station Saint-Laurent, dans le métro de Montréal.

Le céramiste Claude Vermette a utilisé des glaçures de différentes couleurs et de différentes textures, juxtaposant des effets brillants et mats.






Photo 5 : CCQ

 Exemple d'effets possibles avec la glaçure.

Exemple d'effets possibles avec la glaçure.





Photo 6 : CCQ

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Important

On observe généralement des tensions entre le corps céramique et la glaçure. Pour que l'œuvre dure longtemps, le corps de la céramique et la glaçure doivent avoir des coefficients de dilatation thermique (a) semblables. Ces coefficients sont déterminés par leur composition respective.
Voici deux exemples (A et B) de comportement d'une pièce de céramique avec glaçure, où les différences de coefficient de dilatation thermique entre le corps céramique et la glaçure peuvent être problématiques :


 

 

 

Pour que l'œuvre soit plus durable, en particulier si elle est destinée à un environnement extérieur, il est préférable que la glaçure se trouve légèrement en compression.

D'après Prudon, 1981

 

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Céramique artisanale et céramique industrielle

Pour concevoir des céramiques selon des méthodes artisanales, le céramiste doit faire preuve d'un grand savoir-faire. Il doit maîtriser tous les facteurs qui influencent le résultat final et ses propriétés en fonction de la destination de l'objet. Le céramiste pourra laisser aller son imagination quant aux formes et aux décors possibles.

La qualité des ingrédients est toujours un élément clé dans la fabrication de la céramique, surtout pour les œuvres conçues pour l'extérieur. Les résultats peuvent être désastreux si :

  • l'argile est contaminée par des impuretés
  • les proportions d'argile, de fondant et de dégraissant ne sont pas respectées
  • la température de cuisson ne convient pas pour obtenir le taux de vitrification souhaité
  • la composition de l'argile ainsi que celle de la glaçure ne permettent pas à cette dernière de fusionner au corps céramique
  • la recette donnant un produit satisfaisant n'est pas reproduite avec précision.

Toutes ces conditions sont essentielles pour l'obtention d'un produit impeccable. En particulier, sous l'effet des cycles de gel-dégel, toute imperfection, même peu perceptible au départ, diminuera l'espérance de vie du matériau.

Les recherches en ingénierie menées sur la céramique au cours du XXe siècle ont conduit à l'apparition de nouvelles techniques pour la confection industrielle de céramiques. Elles présentent les caractéristiques suivantes.

  • Les argiles synthétiques ou naturelles utilisées dans la confection des céramiques industrielles sont purifiées.
  • La granulométrie des argiles est davantage contrôlée.
  • Les procédés de mise en œuvre sont automatisés; il en résulte un produit standardisé dont les propriétés ont été testées et sont plus constantes.

Parmi les produits de céramique issus de l'industrie, les carreaux destinés au parement des murs et des planchers sont les plus utilisées. Une variété de produits sont proposés pour des usages précis (revêtement mural ou pour le plancher, intérieur ou extérieur, etc.).

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Conception et réalisation

Plusieurs aspects doivent être considérés lors de la conception d'une œuvre murale ou d'un plancher en céramique afin de lui assurer les meilleures conditions de conservation.

Choix de l'emplacement

Environnement intérieur ou extérieur

Les conditions de conservation des œuvres en céramique varient selon que l'œuvre est installée dans un environnement intérieur ou extérieur. À l'intérieur, les œuvres en céramique présentent une stabilité remarquable. L'environnement extérieur est beaucoup plus exigeant pour les céramiques, particulièrement à cause des cycles de gel-dégel du climat nord-américain. À ce sujet, consulter la section Pour protéger les céramiques de l'action de l'eau et des cycles de gel-dégel.

Fonction du lieu

La fonction du lieu peut influencer le choix de l'emplacement de la murale. Par exemple, une murale de céramique installée sur le mur arrière d'une école donnant directement sur le terrain de jeu des écoliers est susceptible de recevoir fréquemment des balles ou autres projectiles qui pourraient l'endommager.

Mosaïque de céramique de Joseph Iliu, située devant le Métro Richelieu de la rue Sainte-Catherine, à Montréal.

Détail d'un polyptyque de mosaïques de céramique de Joseph Iliu, créé en 1955, qui décore les murs de l'épicerie Métro Richelieu sur la rue Sainte-Catherine, à Montréal.

La céramique est ici partiellement protégée des intempéries par une avancée de la toiture.







Photo 7 : CCQ.

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Choix du type de céramique

Les types de céramique sont nombreux. On en distingue deux catégories : la céramique de production artisanale et la céramique industrielle. On peut aussi opter pour une combinaison des deux. À ce sujet, consulter la section Céramique artisanale ou industrielle.

Photo du détail d'une céramique de Jordi Bonet représentant une main.
1.   La céramique de conception artisanale
permet une vaste  gamme d'effets artistiques (couleurs, formes, textures, types de glaçure). Lors de la réalisation, l'artiste doit prévoir le retrait des pièces d'argile à la cuisson.

Détail de la céramique (1963) de Jordi Bonet sur une façade extérieure de l'école Saint-Michel, à Québec.






Photo 8 : CCQ.

 

Détail d'une paroi intitulée Jazz comportant un visage et plusieurs couleurs.

2.   Les céramiques industrielles adoptent des formats standardisés et des choix de couleurs plus limités. Les tuiles peuvent cependant être agencées ou retaillées afin de servir le dessein artistique.  

Détail d'une paroi intitulée Jazz (1989), de Pierre Hardy, au Complexe Héritage, à Gatineau.

Photo 9 : Mireille Nolet, MCC.

 

Détail des céramiques D'yves Trudeau ; mosaïque mélangeant les céramiques blanches, rouges et noires.
3.  
L'artiste peut utiliser des carreaux de céramique industrielle et appliquer lui-même la glaçure selon son idée originale. Tout en servant l'expression artistique, cette option permet de travailler en fonction des propriétés connues d'une céramique industrielle. Il faut cependant que les glaçures soient adaptées au corps de la céramique.

Sans titre (1962). Détail des céramiques d'Yves Trudeau, à l'extérieur de la piscine À la claire Fontaine de Sherbrooke.





Photo 10 : CCQ.

 

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Mur de support

Lorsque la céramique est posée au moment de la construction du mur de support :

  • S'assurer que l'intérieur du mur est bien ventilé pour éviter que l'humidité soit emprisonnée à l'arrière de la murale. Lorsqu'elle est recouverte d'une glaçure, la céramique devient imperméable à la vapeur d'eau.
  • Idéalement, poser un coupe-vapeur afin d'éviter que l'œuvre devienne elle-même le coupe-vapeur et que l'eau se condense à l'arrière, ce qui ferait éclater la glaçure.
  • Au besoin, obtenir les conseils d'un architecte ou d'un spécialiste en enveloppe de bâtiment.

Lorsque la céramique est posée sur un mur existant :

  • S'assurer de la stabilité du mur et de son étanchéité aux infiltrations d'eau. Surveiller la présence d'indices, comme des fissures, des traces d'efflorescences et des zones d'humidité. Consulter un architecte ou un ingénieur en bâtiment.
  • Examiner le mortier ou, de préférence, le faire examiner par un maçon d'expérience afin de déterminer si des réparations sont nécessaires avant la pose de la céramique. Toute fissure ou perforation dans la maçonnerie doit être bouchée avec un matériau approprié.
  • Vérifier l'état du solin protégeant le dessus du mur des infiltrations d'eau, du larmier ou des gouttières.
  • Idéalement, poser la céramique sur un mur-écran pare-pluie. Si tel n'est pas le cas, la pose de céramique pourrait créer un écran empêchant le mur de respirer, ce qui peut entraîner des dommages au mur. Il est préférable de monter l'œuvre sur un support auxiliaire spécialement conçu pour permettre au mur de respirer.

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Pose

Mortier de pose et ciment-colle

Les carreaux de céramique sont fixés au mur à l'aide d'un mortier de pose ou de ciment-colle. Voici quelques précautions à adopter lors du choix et de la préparation du produit :

  • Si la pose se fait à l'extérieur, vérifier que le produit est conçu pour cet usage (ex. : vérifier sa résistance aux cycles de gel-dégel).
  • S'assurer que le produit est approprié pour la dimension et le poids des carreaux.
  • Suivre le mode d'emploi présenté sur la fiche technique.
  • Respecter scrupuleusement les proportions du mélange et la méthode d'application recommandée.

Ancrages et cornières

Les mesures suivantes peuvent accroître la solidité de l'œuvre :

  • Une cornière de métal (en acier inoxydable) suffisamment forte peut être insérée dans la maçonnerie du mur afin de servir d'assise à l'ensemble de la murale. Elle doit excéder le mur de l'épaisseur de la céramique. Elle facilitera l'installation de la murale et la soutiendra à long terme.
  • Des ancrages mécaniques (en acier inoxydable ou en fibres de carbone) peuvent être ajoutés à intervalles réguliers à chacune des tuiles. Ils maintiendront la tuile en place dans l'éventualité où le ciment-colle ne remplirait plus sa fonction.

Coulis et mortier de jointoiement

Un coulis ou un mortier de jointoiement est généralement appliqué entre les carreaux. Si la murale est à l'intérieur, l'artiste peut décider de ne pas en mettre. C'est ce qu'on appelle un assemblage à « joints secs ». Si la murale est à l'extérieur, il est impératif d'appliquer un coulis dans le joint entre les carreaux. Il scellera la surface et préviendra les infiltrations d'eau. Pour obtenir plus de détails sur les mortiers, consulter la section Béton du présent guide.

Le mortier de jointoiement doit être :

  • moins dur que la céramique; il doit être sacrificiel. Dans le cas où des tensions ou mouvements dans le mur se répercuteraient sur la murale, c'est le joint qui doit céder, et non la céramique
  • humidifuge (laisse passer l'humidité). Il devrait être aussi perméable que la céramique pour que l'humidité contenue dans la céramique puisse être évacuée. 

Solin

Le pourtour de l'œuvre doit être bien scellé. Un solin au-dessus des carreaux supérieurs est un moyen efficace de protéger la murale contre les infiltrations d'eau.

Photo du solin bordant l'oeuvre La lumière vient de l'espace, de Marc Martel.

Détail de la murale extérieure, La lumière vient de l'espace (1983), de Marc Martel, réalisée sur une façade de l'école Les primevères, à Québec. Elle est protégée par un solin.





Photo 11 : CCQ.

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Œuvres de grandes dimensions

Pour les œuvres de très grand format, il faut inclure des joints de dilatation à intervalles de 12' à 25'. Ces joints absorberont les tensions créées par les changements de dimensions des carreaux causées par des variations de température et d'humidité, qui causent des décollements ou des bris de carreaux.

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À propos des produits et de la pose

La pose devrait être réalisée par un carreleur ou un maçon professionnel. De nombreux matériaux de pose sont aujourd'hui offerts sur le marché. En général, les matériaux de meilleure qualité sont plus durables. Il faut se référer à la fiche technique du produit pour connaître ses propriétés et ses performances. Il est important de respecter les consignes d'application.

La pose au sol

Types de céramique

Les céramiques destinées à la pose au sol doivent présenter différents critères.

  • Elles doivent être extrêmement résistantes à l'abrasion. Les carreaux industriels et hautement vitrifiés pour le plancher sont très résistants à l'abrasion.
  • Elles ne doivent pas être glissantes. Privilégier une céramique texturée ou antidérapante.
  • Les matériaux de pose doivent être conçus pour une installation au sol.

Préparation du support

Le sol doit être préparé convenablement.

  • Le sous-plancher doit être suffisamment rigide, plat et dépourvu d'aspérités, pour éviter que les carreaux ne cassent.
  • À l'extérieur, s'assurer qu'il n'y aura pas de mouvement du sol sous la surface de pose (ex. : par l'installation sur une dalle de béton).

Consulter un architecte ou un ingénieur pour s'assurer que le support est adéquat pour ce type d'installation ou pour obtenir des conseils sur la pose à l'extérieur.

 

La mosaïque

Une mosaïque est un assemblage de petites pièces rapportées (pierre, marbre, terre cuite, smalt, céramique, coquillage, verre, etc.) avec un ciment et dont la juxtaposition compose un motif. Cette technique d'assemblage peut être employée avec la céramique, mais n'est pas propre à ce matériau.

Elle diffère dans le mode d'assemblage à cause de la taille des pièces. Elles peuvent être mises en place directement sur leur support (mur, sol ou autre), mais le plus souvent, elles seront d'abord fixées sur un support temporaire ou permanent (par exemple, un filet) pour être ensuite transférées à leur emplacement final (méthode de pose indirecte). Cette technique est entre autres utilisée pour la réalisation d'œuvres de grand format, car elle permet de préparer des sections en atelier, ce qui simplifie le montage in situ.

Lors de la réalisation d'une mosaïque :

  • S'assurer de la compatibilité des matériaux de pose avec les matériaux constituant l'œuvre.
  • Tenir compte du type d'installation de l'œuvre (pose au mur ou sur le sol) lors du choix des matériaux.
  • Considérer les facteurs de dégradation propres à chacun des matériaux (verre, pierre, coquillage, etc.) employés dans la composition de l'œuvre. Se référer à la fiche du matériau comprise dans le présent guide. Les mosaïques entièrement faites de céramique sont sujettes aux mêmes facteurs de dégradation que les murales et les planchers de céramique.

Mosaïque de Gabriel Bastien et Andrea Vau, représentant plusieurs personnages.Détail de la mosaïque de Gabriel Bastien et Andrea Vau.














Mosaïque de Gabriel Bastien et Andrea Vau, réalisée en 1969, à la station Sherbrooke du métro de Montréal.

Photos 12 et 13 : CCQ.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Facteurs de dégradation des murales et recommandations pour leur préservation

Conditions intérieures ou extérieures

Une murale de céramique installée à l'intérieur peut se conserver longtemps et facilement. Les principaux facteurs de dégradation sont :

  • le vandalisme et les bris accidentels
  • une intervention inadéquate
  • un défaut de fabrication.


À l'extérieur, le choix des matériaux est déterminant dans la conservation de l'œuvre. Aux facteurs de dégradation auxquels les œuvres intérieures sont sujettes s'ajoutent l'action de l'eau et l'action du gel.

Céramiques pour l'intérieur ou pour l'extérieur

Certaines céramiques sont conçues pour mieux résister aux conditions extérieures, alors que d'autres ne devraient être conservées qu'à l'intérieur. En général, les céramiques dont la porosité est fermée (degré de vitrification élevé, comme la porcelaine) résisteront mieux aux conditions extérieures (voir section Action de l'eau et du gel).

  • Céramiques de production artisanale : si la murale doit être installée à l'extérieur, exiger du céramiste qu'il teste le comportement de ses céramiques selon la recette qu'il envisage de réaliser pour vérifier leur résistance au climat durant les périodes de gel et de dégel.
  • Céramiques industrielles : vérifier leur résistance auprès du fabricant.

 

 

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L'action de l'eau et des cycles gel-dégel

L'eau et les cycles de gel/dégel sont les principaux facteurs de dégradation de la céramique à l'extérieur. Ils affectent davantage les céramiques poreuses. 

Les cycles de gel-dégel

En gelant, le volume de l'eau augmente d'environ 9 %. Aux endroits où elle s'est infiltrée, l'eau risque de causer des dommages en gelant, dont :

  • la fissuration du corps céramique et de la glaçure. Lorsque la glaçure est endommagée, de nouvelles voies d'entrée d'eau sont créées, ce qui alimente le processus de dégradation, jusqu'à l'écaillage de la glaçure et la perte de matière
  • le décollement des carreaux de leur support.

Exemple d'écaillage causé par une glaçure fissurée.

 

Exemple de pertes de matières importantes causées par la glaçure fissurée.

 

Exemple de perte de tesselles causée par une glaçure fissurée.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La glaçure fissurée permet à l'eau de s'infiltrer et alimente le processus de dégradation lors des cycles de gel/dégel, conduisant à l'écaillage (photo de gauche) ou à des pertes de matières plus importantes, telles que le délitage (photo du centre) ou la perte de tesselles (photo de droite).

Photos 14, 15 et 16 : CCQ.

 

Les efflorescences

L'eau peut entraîner des sels solubles présents dans la maçonnerie ou dans le sol (remontées capillaires, mauvais drainage). Ces sels favorisent l'apparition d'efflorescences. Ces dernières forment un film blanchâtre inesthétique et peuvent altérer la surface en causant des éclats de la glaçure et du corps céramique.

Exemple de traces d'efflorescences au bas d'une murale de céramique.



Traces d'efflorescences au bas d'une murale de céramique. Elles sont causées par un problème d'infiltration d'eau à l'arrière du mur. Dans ce cas, la formation des cristaux de sel fait éclater la surface de la céramique.





Photo 17 : CCQ.

 

Colonisations biologiques

Des colonisations biologiques, notamment des algues et du lichen, peuvent s'installer aux endroits qui ne s'assèchent pas. Elles peuvent même se développer entre le corps céramique et la glaçure, si l'œuvre est fissurée.

Photo d'une formation d'algues sous la glaçure.

 

Photo de mousses dans le mortier.

 

 

Formation d'algues sous la glaçure (photo de gauche) et de mousses dans le mortier (photo de droite) dans des zones qui ne s'assèchent pas.  

Photos 18 et 19 : CCQ.

 

 

 

 

 

 

 

Dommages aux matériaux de pose

Le coulis ou le mortier de jointoiement et le mortier de pose ou le ciment-colle sont également vulnérables à l'action de l'eau et aux cycles de gel/dégel. Il est donc important de choisir des produits adaptés à un environnement extérieur, le cas échéant.

Pour protéger les céramiques de l'action de l'eau et des cycles de gel-dégel

  • S'assurer que le type de céramique ainsi que les matériaux et les méthodes de pose sont adaptés à un usage extérieur et que leur durabilité a été testée pour cet environnement.
  • Éviter les migrations d'eau par l'arrière de l'œuvre en scellant ses pourtours.
  • Vérifier l'exposition de l'œuvre aux vents dominants. Ils l'exposeront davantage à la pluie.
  • Vérifier l'orientation géographique de l'œuvre. Une orientation plein sud est sujette aux écarts de température à la surface de l'œuvre pendant l'hiver, lesquels sont susceptibles de causer des dommages.
  • Si possible, installer l'œuvre dans un endroit moins exposé aux intempéries, à l'abri des vents dominants, ou installer des structures la protégeant. Par exemple, une toiture installée au-dessus de l'œuvre la protégera des intempéries et prolongera grandement sa durée de vie.
  • Veiller à ce que le support (mur ou plancher) soit en bon état et bien drainé.
  • Lors de l'inspection annuelle, observer tout signe de perte d'étanchéité et de dégradations liées à l'eau (efflorescences, colonisations biologiques, fissures ou pertes de matière dans la céramique, etc.). Agir rapidement pour régler la source du problème.
  • Éloigner l'œuvre d'un couvert végétal qui favoriserait la rétention ou le ruissellement de l'eau sur la surface.

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Problèmes structuraux liés au bâtiment

Tout problème structural lié au bâtiment, comme la fissuration d'un mur attribuable au mouvement du sol ou le tassement de la maçonnerie, se répercute sur la murale de céramique. Avec le temps, le problème peut se traduire par de longues fissures traversant plusieurs carreaux.

Important
En cas de doute sur la présence d'un problème structural lié au bâtiment, faire inspecter par un ingénieur en bâtiment ou un architecte.

Détail d'une mosaïque de Joseph Iliu, Commission scolaire de Montréal.


Détail d'une mosaïque de Joseph Iliu, réalisée en 1956, sur une façade extérieure d'une école de la Commission scolaire de Montréal.

Cette grande fissure, les bris et les pertes de carreaux résultent d'un problème structural lié au mur sur lequel la céramique est posée.




Photo 20 : CCQ, Colombe Harvey.

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Défauts de fabrication ou de pose

Différents facteurs relatifs aux matériaux et à leur pose sont susceptibles de raccourcir la vie de l'œuvre, dont :

 

  • les défauts liés à la conception et à la fabrication de l'œuvre
  • un mauvais choix de matériaux de pose ou leur mise en œuvre inadéquate (ex. : une mauvaise préparation du mortier de jointoiement peut causer des fissures dans celui-ci).

Pour prévenir les défauts de fabrication ou de pose

  • Respecter scrupuleusement les instructions du fabricant pour la préparation et l'application des matériaux de pose.
  • Si l'installation se fait à l'extérieur, choisir un type de céramique et des matériaux de pose adéquats.

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Vandalisme et bris accidentels

La céramique est un matériau dur et cassant. Un impact est susceptible de faire éclater la surface d'un carreau ou de causer son décollement. En tombant, le carreau risque de se casser. Les impacts peuvent provenir d'actes de vandalisme ou être accidentels (par exemple, causés par des chariots ou des échelles).

 

Exemple d'arêtes en saillie endommagées par le rangement de matériel.


Exemple d'arêtes en saillie endommagées (taches blanches) par le rangement de matériel devant l'œuvre, entraînant des impacts répétitifs qui ont causé des pertes de glaçure.





Photo 21 : CCQ.

 

La céramique est altérée par les graffitis peints ou gravés avec une pointe dure. Les graffitis peints sont difficiles à retirer sur toutes les parties poreuses de la murale de céramique, c'est-à-dire sur la céramique sans glaçure, le coulis ou le mortier de jointoiement.

 

Exemple de graffiti gravé dans la glaçure.


Exemple de graffiti gravé dans la glaçure. Garder les lieux propres pour éviter l'utilisation d'objets tranchants pouvant permettre de réaliser des graffitis.





Photo 22 : CCQ.

 

Pour protéger du vandalisme et des bris accidentels

Dès la conception:

  • Installer un système d'éclairage qui donne une bonne visibilité à l'œuvre tout en décourageant les actes de vandalisme la nuit.
  • Trouver une façon d'identifier l'œuvre auprès du public, par exemple en posant une plaque d'identification à proximité.
  • Si la murale descend jusqu'au sol, opter pour un aménagement agissant comme mise à distance. Par exemple, considérer l'installation de barres-butoirs à une dizaine de centimètres de hauteur et une dizaine de centimètres devant les murales.
  • Pour les œuvres extérieures, aménager une zone de propreté (voir Peintures murales extérieures) pour éviter les chocs et les éraflures causés par les équipements d'entretien (lavage de plancher, tondeuse, déneigement, etc.).
  • Éviter d'entreposer du matériel contre l'œuvre (ex. : empiler des chaises). Cette habitude peut endommager la surface et causer des pertes de matière au fil du temps.

 

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Interventions inadéquates

  • Des réparations inadéquates, comme un choix de mortier inapproprié du point de vue de la couleur, de la dureté ou de la perméabilité, peuvent entraîner de nouveaux problèmes.
  • Si la source du problème n'a pas été identifiée ou qu'aucune action n'a été entreprise pour le régler avant d'entreprendre des travaux, le problème pourrait réapparaître rapidement (ex. : infiltration d'eau créant des efflorescences).
  • L'usage de nettoyants agressifs et l'absence de rinçage, de même que l'usage d'outils métalliques (grattoirs, rifloirs) ou abrasifs peuvent endommager l'œuvre.

Pour protéger l'oeuvre contre les interventions inadéquates

Consulter un restaurateur professionnel en cas de :

  • bris
  • pertes de matière
  • fissures sur la céramique
  • carreaux décollés
  • mauvais état du mur de support
  • symptômes d'infiltration d'eau (efflorescences, algues, etc.).

 

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Entretien des oeuvres en céramique

Les propriétaires d'œuvres de céramique devraient :

  • disposer d'un devis d'entretien spécifique à chaque œuvre. Ce devis doit être réalisé par un restaurateur ou par l'artiste en collaboration avec un restaurateur
  • prévoir un budget annuel récurrent pour l'entretien des œuvres
  • nommer un responsable de l'entretien des œuvres.


Pour en savoir plus sur l'élaboration d'un programme d'entretien, consulter la section Élaboration d'un programme d'entretien de ce guide.

Documentation

Il est essentiel de conserver au dossier de l'œuvre l'information sur les matériaux qui la constituent et sur les techniques de réalisation, entre autres dans le cas où l'œuvre aurait subi des dommages.

Pour les carreaux industriels :

  • conserver le nom du fournisseur et les numéros de produits
  • garder des carreaux en réserve pour faciliter les remplacements, au besoin.


Pour les carreaux de production artisanale :

  • garder les renseignements sur le type de pâte utilisée et sur les glaçures (avec l'autorisation de l'artiste, conserver les recettes utilisées, incluant les données sur la cuisson)
  • demander à l'artiste de fournir des carreaux supplémentaires, si le concept de l'œuvre le justifie.


Dans tous les cas : 

  • Conserver le nom ainsi que la fiche technique du coulis ou du mortier de jointoiement et du ciment-colle.
  • Conserver toute information pertinente sur la conception et la réalisation de l'œuvre : plan d'installation, coupe transversale du mur, document photographique de l'œuvre après installation, etc.

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Éléments à surveiller lors de l'inspection d'une œuvre en céramique

Une inspection annuelle permet de suivre l'état de conservation et d'intervenir, si nécessaire. Au moment d'inspecter l'œuvre, il faut porter attention aux éléments suivants :

  • L'état du mur de support ou du plancher entourant l'œuvre :
    • état de la maçonnerie et du mortier (joints ouverts, lacunaires, poudreux)
    • présence d'efflorescences (auréoles blanchâtres de sels)
    • présence de mousses, d'algues et de lichens.

     

  •  L'état de l'œuvre :
    • signes de perte d'adhésion de carreaux ou carreaux manquants
    • bris, éclats ou fissures dans les éléments de céramique
    • état de la glaçure (fissurée, soulevée, lacunaire, perte d'adhérence)
    • état du coulis ou du mortier de jointoiement entre les carreaux (joints ouverts, lacunaires, poudreux)
    • état des joints d'étanchéité et d'expansion
    • taches et saletés superficielles
    • présence d'efflorescences (auréoles blanchâtres) et de taches de corrosion et d'autres signes d'infiltration d'eau (algues, mousses)
    • égratignures et abrasions
    • état de l'assise métallique
    • présence de réparations récentes
    • fissures traversant plusieurs carreaux : surveiller leur évolution d'une année à l'autre
    • présence de graffitis et autres actes de vandalisme
    • restes de peinture sur le mortier (entre les carreaux) après le retrait de graffitis.

     

 

  • Pour les œuvres placées à l'extérieur :
    • étanchéité des joints et des scellements sur le pourtour de l'œuvre
    • étanchéité des solins ou de la structure de protection au-dessus de l'œuvre
    • présence de mousses et de lichens
    • évolution de la végétation environnante pouvant maintenir l'humidité et masquer l'œuvre.

     

En cas de bris ou de chute de carreaux

  • Recueillir, identifier et conserver les morceaux détachés.
  • Si possible, identifier la provenance et l'emplacement des morceaux détachés sur la murale et les remettre au responsable de l'entretien de l'œuvre pour qu'ils soient conservés en lieu sûr. Ils pourront éventuellement être réintégrés par un restaurateur.
  • Si l'œuvre est à l'extérieur, intervenir rapidement pour éviter les infiltrations d'eau par l'espace laissé à découvert, ce qui entraînerait des dommages supplémentaires.

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Entretien

Suivre la fiche d'entretien de l'œuvre. En l'absence d'une telle fiche, en faire produire une par un restaurateur qualifié. Voir aussi la fiche Modèle de fiche d'entretien dans la Boîte à outils.


Nettoyage

  • Dépoussiérer avec un aspirateur et un pinceau ou une brosse souple.
  • Nettoyer les céramiques recouvertes de glaçure avec un détergent neutre
    détergent à pH neutre comme le Ivory pour la laine ou le Zéro, disponibles dans les épiceries.
    détergent neutre
    , rincer et sécher. Laver à l'eau additionnée d'un savon doux et neutre, comme le Liqui-Nox®. Rincer à l'eau propre tiède. Essuyer avec un chiffon propre et sec. Si nécessaire, nettoyer les saletés difficiles à retirer avec une brosse de nylon rigide.
  • Les céramiques sans glaçure peuvent être dépoussiérées puis nettoyées à l'aide d'un chiffon non pelucheux, comme Kimtowels, vaporisés d'eau. Si la surface est rugueuse, veiller à ce que le chiffon employé ne laisse pas de résidus.
  • Bannir les outils et brosses métalliques, ceux abrasifs, ainsi que le nettoyage au jet de sable, car ils sont susceptibles de détériorer le fini de surface. Si nécessaire, utiliser un grattoir en plastique ou en bois.
  • Éviter les nettoyages à l'eau sous pression qui peuvent causer des infiltrations d'eau, endommager la surface et même décoller des carreaux.

Mur de support

  • Veiller à ce que le mur de support soit en bon état.
  • Faire les réparations nécessaires sans attendre, avec les méthodes et matériaux adéquats.
  • Régler rapidement tout problème d'humidité dans le mur.

 

Scellement

Pour les œuvres extérieures, s'assurer que l'étanchéité soit optimale en :

  • remplaçant le scellement sur le pourtour de l'œuvre, si nécessaire
  • veillant au bon état des solins ou des gouttières.

 

Environnement

  • Entretenir les végétaux (arbres, aménagement paysager) afin d'éviter de masquer l'œuvre et de lui permettre de s'assécher adéquatement. Les végétaux, tels les lierres et plantes grimpantes, ainsi que les branches d'arbres créent de l'ombre et retiennent l'humidité.

 

Graffiti

  • Ne pas tenter d'enlever un graffiti sur une céramique sans glaçure, ni sur les joints à l'aide de solvants ou de décapants. Ces produits feraient pénétrer la peinture, ce qui la rendrait encore plus difficile à retirer.
  • Avant toute intervention, consulter un restaurateur pour déterminer ce qui doit être fait.

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Date de mise à jour : 13 juin 2016

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